
Les odeurs familières peuvent aider à rappeler des souvenirs et, par conséquent, à soulager les symptômes de la dépression et à améliorer la fonction cognitive.
Des études récentes soulignent la reconnaissance croissante des interventions olfactives comme outil thérapeutique pour les personnes souffrant de dépression. La dépression entraîne souvent des troubles de la mémoire, notamment des souvenirs vifs et épisodiques, essentiels à la régulation émotionnelle et à la prise de décision. De nouvelles recherches montrent que les odeurs familières peuvent faciliter la mémorisation et, par conséquent, soulager les symptômes de la dépression et améliorer les fonctions cognitives.
Le système olfactif, contrairement aux autres sens, est directement connecté à l’amygdale et à l’hippocampe, deux zones du cerveau fortement impliquées dans le traitement des émotions et le stockage des souvenirs. Lorsqu’on perçoit une odeur familière, cette voie sensorielle unique contourne le thalamus et active directement ces zones de traitement de la mémoire, ce qui explique pourquoi les odeurs évoquent souvent des souvenirs plus vifs et plus émotionnels que les mots ou les images. Des études, comme celles menées par le Dr Kimberly Young à l’Université de Pittsburgh, ont montré que les personnes souffrant de dépression sont plus susceptibles de se remémorer des souvenirs spécifiques et émotionnellement positifs lorsqu’elles sont confrontées à des stimuli olfactifs, comme le café ou les oranges, plutôt qu’à des stimuli verbaux. Cela pourrait suggérer que les thérapies olfactives pourraient constituer une alternative ou un complément efficace aux traitements traditionnels.
La récupération de la mémoire est un élément essentiel de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui vise à restructurer les schémas de pensée négatifs qui entretiennent la dépression. La capacité à se remémorer des souvenirs positifs spécifiques peut aider les patients à remettre en question leurs préjugés et à améliorer leur humeur. Le lien émotionnel entre l’odorat et la mémoire est assuré par l’amygdale, souvent appelée « cerveau émotionnel ». Les odeurs activant plus facilement cette région, les signaux olfactifs peuvent agir comme de puissants régulateurs des émotions. Chez les personnes souffrant de dépression, cette meilleure mémorisation des émotions pourrait contribuer à briser les cycles cognitifs négatifs qui alimentent souvent les symptômes dépressifs.
Les conclusions du Dr Yang sont corroborées par un nombre croissant de recherches examinant le lien entre l’odorat et la santé émotionnelle. Par exemple, une étude de 2020 publiée dans Scientific American a révélé que les souvenirs évoqués par les odeurs peuvent influencer les réponses émotionnelles et notre état physique, comme le rythme cardiaque ou la tension artérielle. Ce lien entre l’odorat et la régulation des émotions a été exploré dans divers contextes cliniques. De nombreux essais cliniques ont montré que les huiles essentielles, comme la lavande, le jasmin et les agrumes, réduisent les symptômes d’anxiété et de dépression. Dans une étude menée auprès de patients en phase terminale, l’aromathérapie à la lavande a amélioré l’humeur des patients et le bien-être de leurs soignants. Ces résultats suggèrent que les odeurs familières peuvent apporter un soulagement émotionnel non seulement au patient, mais aussi à son entourage.
Une étude intéressante menée par Steve Ramirez, de l’Université de Boston, a montré que les signaux olfactifs peuvent prévenir la dégradation naturelle des détails mnésiques au fil du temps en réactivant l’hippocampe. Les recherches de Ramirez suggèrent que les signaux olfactifs pourraient servir d’investigateurs à long terme pour la réactivation de la mémoire, même dans les cas où les souvenirs passeraient normalement de l’hippocampe au cortex préfrontal. Ceci a des implications prometteuses pour le traitement des troubles de l’humeur, tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), où les patients ont des difficultés à gérer les souvenirs traumatiques. Les thérapies par les odeurs pourraient être utilisées pour réactiver et contrôler ces souvenirs, offrant une alternative non invasive aux traitements traditionnels du SSPT, comme la thérapie d’exposition.
L’aromathérapie, souvent considérée comme une thérapie complémentaire, a gagné en popularité grâce à ses effets apaisants et stimulants. L’utilisation d’huiles essentielles, comme la lavande, la verveine et le bois de santal, a démontré sa capacité à réduire le stress et l’anxiété lorsqu’elles sont utilisées dans des diffuseurs, des huiles de massage ou des sels de bain. Ces applications quotidiennes de l’aromathérapie peuvent facilement être intégrées à la routine quotidienne, procurant un soulagement émotionnel en milieu non médical. Cependant, il est important de noter que tout le monde ne réagit pas de la même manière aux odeurs. Si certains ressentent une réaction émotionnelle positive, d’autres peuvent trouver que certaines senteurs évoquent des souvenirs douloureux.